Marsouins de France et d'outre-mer
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Marsouins de France et d'outre-mer

Ce forum est dédié à tous les marsouins de France et d'Outre-mer, pour se retrouver, quelque soit le régiment duquel ils sont issus. Infanterie, Bigor, Cavalerie, parachutiste. et à tous nos frères d'armes.
 
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 la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie

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prigent

prigent


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la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie Empty
MessageSujet: la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMar 4 Sep - 15:50

Du 5 au 19 juin 1956 .

3 ème Régiment de Parachutiste Coloniaux du colonel BIGEARD, ce récit que j'ai noté dans un de mes carnets de route , et raconté à mon niveau de 1er classe chef de pièce FM,( chez Bigeard il n'est pas rare de voir un adjudant chef de section ou un caporal-chef , chef de groupe )

]Mercredi 5 juin 1956. Bône. Nous sommes installés dans un ancien entrepôt de tomates; l'Escadron a pris ses quartiers provisoires dans de vastes hangars, nous servant de gîte et de réfectoire. Cette situation précaire, je la connaîtrai tout le temps de mon séjour en Afrique du Nord, le régiment du Colonel Bigeard (le 3ème RPC), sera de toutes les batailles, pour aider ou en découdre avec les bandes armées et plus tard avec des katibas entrainées et commandées par des chefs de guerre, ayant servis dans l'armée Française, avec un armement similaire au notre.

Notre repos de huit jours fut relatif, étant donné que nous n'avons pas échappés aux corvées de pluches et de quartier( garde, planton, corvée de nettoyage des chambres sous-off, lavabos , wc, douches, permanence chauffeur,etc), avec la revue d'armes et les vérifications des dotations de munitions, revue d'habillement, le sport, les marches au pas cadencé, suivi de chansons que le Lieutenant Lefèvre s'évertuait à nous apprendre dans la joie ou dans l'engueulade, en fonction de la facilité avec laquelle nous enregistrions ces chansons. Pour l'instant nous révisons les grands classique paras «En passant par la portière», «Debout les Paras», puis «Les compagnons», «Le petit village», «Le marsouin», et bien sûr: «Être et durer»...Egalement, des chansons certainement d'origine allemande: «La main dans la main» « Sur la route», «Le gai luron des Flandres», et un air chanté par tout le régiment car très entraînement « Malgrè les balles».

Nous mangeons bien, c'est primordial pour le moral. Le Colonel Bigeard veille à ce que nous ayons une bonne nourriture; cela fait tant défaut dans beaucoup d'unités. Les «vacances» sont de courte durée. Le mot d'ordre vient d'être donné, départ imminent avec nos véhicules.

Je viens de recevoir ma jeep refaite à neuf, n°89350; elle sort des échelons trois et quatre, cela veut dire: moteur refait , boite de vitesse, peinture de la carrosserie, pneumatiques. Nous la chargeons avec les camarades, à savoir; le sergent Pellegrini, un Corse sympa, le caporal Mario Piacenza, 7 ans d'armée, un ours!. Le sergent/chef Rébouillet, dont je suis le chauffeur. La remorque est pleine de sacs marins du groupe, ce qui permet au Dodge 6X6 de n'avoir que les huit gars restant du groupe à convoyer.

Le départ est donné pour l'Escadron: direction Tébessa en passant par Duvivier, La Verdure, Souk Ahras, Montesquieu, Clairefontaine, Morsott; arrivée à Tébéssa (ville fortifiée), à 14 heures après 246 kilomètres de route sans encombre. Situé près de la frontière tunisienne, dernière ville avant le Grand Erg Oriental et la chaîne de montagnes des Aurès-Nemetcha .

Cette ville de garnison, avec des ruines romaine très importante, signe de la colonisation et de conquêtes des Légions Romaines, des forêts importantes et de l'élevage d'ovins font de cette ville une plaque tournante d'un commerce intense. Elle c'est étendue au dehors des fortifications de style typiquement Arabe, avec ses murs crénelés, ses portes d'accés. Sa population bariolée, c'est pour moi nouveau, les jeunes arabes qui courent au devant des camions pour vendre des boissons, le dépaysement est total.

Nous arrivons vers 14 heures aux abords de la ville, devant une petite caserne tenue par la Légion Etrangère et mise à notre disposition.C'est toujours au pas de course que nous nous installons tant bien que mal, dans une partie des locaux.Les véhicules bien alignés, nous préparons notre paquetage OPS (opérationelle): armas, munitions, vérification de la musette TAP (troupes aéroportées). J'ai en plus une paire de «pataugas» dans mon sac; je suis le seul du groupe à marcher sans bottes de saut. Le sergent-chef Rébouillet qui est adjoint au Lieutenant Michel, nous bouscule pour que tout le monde soit prêt à toute éventualité. La formation de l'équipe est en ordre. Le sergent Pellegrini, la bouille toute ronde, blondinet sait se faire respecter. Piacenza de descendance italienne, venu sur le tard dans les Troupes Aéroprtées, le visage sanquin, s'emporte facilement, mais je m'en suis fait un ami précieux. René Cadet, tireurde la pièceFM 24/29 ( je suis chargeur ), puis les pourvoyeurs: Martignon, Fusée, Covillers, Groisil.

Reception des boîtes de rations et de boules de pain; nous avons un bidon d'eau supplémentaire. Nous allons faire notre toilette, avant de manger; il est 17 heures. Départ à deux heures du matin.

6 juin 1956. Il est une heure; les camions de transport sont à pied d'oeuvre. Nous grimpons en passant nos musettes et nos armes au premier monté. Le convoi démarre direction plein sud, puis oblique vers une piste où le sable fin nous recouvre d'une fine couche de poussière piste à peine carrossable. Ici commence le désert de Négrine. 90 kilomètres de piste nous amènent vers un petit fortin de la Légion; le lieu se nomme Guentis; presque accolé au flanc de la montagne, les monts Nemetchas masse rocheuse de 80 kilomètres de long, ce Fort entouré de barbelés, il ne dépasse guère du sol. Construit en pièrres avec une tour de guet et des habitations à demi-enfouies dans le sable et la roche donnant une relative fraîcheur aux pièces de vie. L'Escadron prend ses quartiers à l'intérieur du fort , alors que le régiment campe autour, le temps de prendre les ordres qui nous laissent le temps de nous débarrasser de la poussière du voyage.

Le paysage est une désolation; pas un brin de verdure à l'horizon; le djebel que l'on aperçoit à des sommets en dent de scie de près de deux mille mètres de haut; les rochers déchiquetés et éclatés par les différences de température, les nuits glaciale, les jours torrides, «ce sont les portes de l'enfer» à dit un jour le Général Vanuxem au Colonel Bigeard. Pour l'instant, je suis en pleine surprise: l'endroit où l'on vient de nous emmener pour la détente est paradisiaque; un oued descendant du djebel coule dans un couloir de grosses pierres arrondies,de petites cascades tombent de rocher en rocher dans des bassins naturels avec pour certains, une minuscule plage de galets entourée de lauriers roses et autres plantes poussant dans ces endroits humides et chauds.

Aussitôt, en un clein d'oeil, tout le monde se retrouve en slip à faire trempette, et comme j'ai avec moi mon appareil Kodak, je tire plusieurs photos; dont deux où mon camarade Jean. Bertaud se trouve dans le bassin de l'eau aux genoux, puis c'est à son tour de me prendre avec mon pote René Cadet, en slip avec la casquette '' Bigeard '' vissée sur le crâne, au beau milieu du bassin de 300 mètres carrés, mais quelle chaleur !!!? Nous finissons la soirée en nous occupons de notre popote et nos emplacements de couchage. La Légion va veiller sur notre sommeil !. Pour une fois que je ne monte pas la garde !. Vive la Légion !!.

7 juin. Transportés par camions à 18 kilomètres du Fort de Guentis, jusqu'à la limite du désert tous feux éteints, les bahuts nous déposent à minuit, par compagnies avec armes et bagages. La file de paras prend la piste et tout de suite , c'est la montée par un chemin de chèvres, le nez dans le sac du gars de devant; je cogne sans arrêt mon arme dans les fesses du copain qui ahane devant moi; la nuit est sans étoile1 et sans lune, je distingue à peine dans la nuit avancée la longue file qui serpente dans un hallucinant décor minéral; pourvu que les rebelles ne nous attaquent pas, ce serait la panique !!. Un guide avec une avant-garde de voltigeurs trace le chemin à suivre. Bientôt, le soufle court, les efforts pour coller à la chenille de la compagnie qui avance par à-coups se font sentir dans les rangs. Certains trébuchent et coupent le rythme de la file. Quatre heures de marche avec des pentes sacrément raides, qui nous arrachent des grognements et des halètements de soufflets de forges. Puis il y a disloquation des compagnies prenant un itinéraire tracé par «Bruno». Nous prenons une piste d'une remontée digne d'un alpiniste pour arriver à notre point d'embuscade.

Nous sommes à plus de mille mètres d'altitude. Ouf!!. Quelle grimpette!..Planqués dans cette multitude d'éboulis, nous sommes invisibles. Je suis attentif à tous les bruits insolites, à commencer par les pièrres qui se dilatent ou se rétractent faisant des bruits secs, des cailloux glissent et entrainent de petits rochers. Le ciel devient plus clair au dessus du djebel, un énorme soleil rouge orangé commence son ascension au-dessus des pitons; le fond d'oued est encore dans les ténèbres; aucune visibilité dans cette gorge profonde de près de 500 mètres avec des falaises à pic de 150/200 mètres de haut, impréssionnant.

Ordre de manger tout de suite; après ce ne sera plus la peine. On lève l'embuscade dans quinze minutes. La chasse est prévu à sept heures pour rentrer en action. Le piper d'observation repére en fin de journée des fells dissimulés en fond d'oued à 15 kilomètre de notre point. Nous sommes en protection de la compagnie fouillant le fond de l'oued Bou-Doukrane; nous marchons perpendiculaires à leur progréssion autant que possible.

Des obstacles nous obligent à contourner les difficultés rencontrées. On aperçoit maintenant les gars dans le bas qui rencontrent les mêmes problèmes que nous; le lit de l'oued n'est pas une avenue, les brousailles font des enchevêtrements d'arbrisseaux poussant parmi de groses roches provenant d'éboulements, bloquant l'avance des paras. Je me trouve dans la même situation avec mon groupe; parfois une coupure avec un à pic, nous fait dévier des blocs de rochers énormes. Nous sommes obligés de marcher les pieds en rupture de contact sur ces pentes raides et friables, rendus glissantes par des cailloux qui roulent, nous faisant perdre l'équilibre à chaque instant.

On continue la fouille,mais avec plus de méfiance et les écarts sont respectés. Toute la journée se passera ainsi, sous un soleil d'enfer et une chaleur suffocante. Nous sommes en transpiration, le corps luisant de sueur, les visages rougis par l'éffort, la veste grande ouverte. Nous formons une protection de combat pour la nuit, avec ordre de dormir l'arme au point, les fells sont dans les parages.

Je viens d'apprendre que le PC de la 1er compagnie du Lt. Datin en protection du PC du Colonel Bigeard s'est fait attaquer cette nuit vers 23 heures par des Chaouïas fanatiques; ils ont lancé un assaut en hurlant sur la position du PC, heureusement que l'ordre de rester habillé l'arme à portée de la main était donné; bien lui en à pris, les rebelles se sont fait tués sans pouvoir franchir la garde de sécurité, mais de peu, à quelques mètres du fanion !!. Gonflés les fells!!.Il y a 3 blessé de chez nous dans cette attaque, ils sont brancardés jusqu'au petit jour, et de là héliportés vers l'hôpital.

b]8 juin 1956. [/b]A trois heures du matin; on décolle de notre point; l'aviation de reconnaissance à situé des mouvements de fells devant nous. C'est le départ en marche forcée pour parfaire le bouclage des deux compagnies qui ferment le talweg, progresons l'une vers l'autre; brutalement un feu violent se déclenche, les rebelles ouvrent le feu sur les avions; l'assaut des camarades dans le fond d'oued est furieux. J'entends les jets de grenades provoquer des explosions sourdes qui se répercutent par l'écho. Les fells tirent sur tout ce qui bouge et ils tirent juste; sur une hauteur des rebelles se dévoilent et font un barrage de feu sur les compagnies aux contacts, c'est la compagnie du Capitaine Florès dit «Bir Hakeim» qui lance l'assaut sur la hauteur des fells; sous le feu de l'ennemi il lance ses hommes, rien ne peu les arrêter, ils sont maintenant capable de soutenir l'assaut avec les deux compagnies. Les T6 Matraquent les grottes, d'où partent des tirs à grande cadence de Mitrailleuses MG 42. Le Colonel Bigeard fait donner contre les grottes toutes les pièces:mortier de 81, canon sans recul et l'aviation, Le Capitaine Florès recoit une balle dans le bras gauche alors que son radio une balle fracasse le bas de son poste.

Dans le bas, où la bataille fait rage, 200 fells bien armés attendent la mort avec la rage au ventre, l'oued est rouge de sang des rebelles et un peu du notre; depuis 10 heures ce matin , la bagarre et a son paroxisme, il est 16 heures, l'aviation a fait un gros travail, les explosions dans les grottes avec de grosses fumées, les retours des T6 font un boucan de tout les diables dans les reprises de régimes tout en vidant leurs canons sur les objectifs. 15 minutes de sarabande et tout s'arrête aussi soudainement. Plus un bruit, que les appels des gars recherchant les blessés, encore quelques rafales; c'est le grand silence. Les hélicoptères se posent sur des zones balisées pour évacuer les blessés et les morts. Chapeaux les'' EVANS''(évacuation sanitaire). Mais ce n'est pas fini; le reste de la bande va faire le forcing ce soir ou cette nuit pour s'échapper.

Le Général Noiret, venant de Constantine, se pose au PC de «BRUNO» à la cote 1005 d'où il domine le combat. Le Général Vanuxem arrive et signale au Colonel Bigeard qu'il vient de faire parachuter deux compagnies de Légionnaires à Guentis, ayant mission de rejoindre le régiment pour se mettre sous ses ordres. Le Général Vanuxem a comprit que c'est la fameuse bande des Nemetchas et voudrais que Notre Patron puisse conclure l'affaire avant la nuit.

Il se moque des pertes que cela implique, mais le Colonel Bigeard ne l'entend pas de cette oreille, il appelle ses commandants de compagnies à la radio ; et dit au Général Vanuxem: «si vous désirez prendre le commandement, vous avez mes commandants d'unité au ''bigo'' »

Vanuxem violent et très autoritaire, regarde Bigeard, un éclair passe dans ses yeux bleus et dit: «O.K.,Bruno, çà va, continue..», Ouf!. Notre Grand Chef a eu chaud.

Malgrès la compagnie Datin, en fermeture de nasse, dans le fond du talweg, les rebelles vont donner l'assaut par deus fois, et réussirons à passer. Le lendemain la fouille de la petite vallée et des grottes sera notre occupation, dénombrer les cadavres de fells et récupérer les armes. Au total il y aura 56 rebelles tués et 6 prisonniers, nous avons également 50 armes dont un fusil-mitrailleur, quantité de vivres et de munitions, des postes radio, de nombreux documents. De notre côté, malheureusement 2 tués et 16 blessés.

11 juin 1956.Je suis toujours en opération depuis le 7 juin. Nous avons pris position autour des hélicos, sur une plat-forme naturelle en haut d'un djebel à 1000 mètres d'altitude. Un Sikorsky (hélicoptère de transport de troupes), vient d'apporter du courrier. Nous sommes en alerte de combat depuis notre dernière attaque de fellouzes, à deux ou trois mille mètres de la( bataille du 8 et 9 juin). Par section, nous descendons dans la petite vallée en fond de talweg, par un passage ayant le moins de pente. Dans cette fournaise, pays du bout du monde, pas un régiment, mis à part le 2ème R.P.C. Du Colonel Chateau-Jobert, qui n'a pu faire grand chose: une quinzaine de fells tués, pour beaucoup de morts et blessés chez lui. Nous sommes toujours en protection de la 3ème compagnie qui progresse et déloge à la grenade des fells coincés dans des trous ou des failles de rocher, mais également, ceux qui se sont cachés en fond de grottes: le soir arrivant, nous sommes en alerte maximum.

Nous restons en embuscade de huit heures à quatre heures le lendemain; je souffre de soif; deux bidons ne sont pa suffisants pour nous désaltérer convenablement. Mon caporal Mario Piacenza( quelle souffrance ce mec, il a une tête de moineau), ne se rappelle de rien !! il sera viré du 3 ème RPC à cause de son vice. Donc avec René Cadet, Jean Bertaud, Pierre Martignon, Jacky Fièvre, Fusée et le sergent Pellegrini, on se relait pour dormir pendant l'embuscade, mais d'un oeil !!.

12 juin 1956. Nous partons avec le groupe pour fouiller plus en avant les éboulis de roches, en quête d'indices, de traces, planques de grottes(il y en a partout). Arrêt sur un piton pour faire la liaison avec l'escadron. Il est 13 heures; je mange ma maigre ration (4 étoiles) avec biscuit de guerre et c'est parti sans interruption, mais toujours en protection d'une section à une autre; la soif est présente à chaque éffort fourni pour monter, descendre, par cette température de four !!. On rentre à notre point X, prévu à 18 heures; je mange en fonction de l'eau qui me reste dans les deux bidons, c'est peu. Je m'écroule dans mon emplacement de combat, pour être réveillé de garde: 23 heures à 1 heure.

13 juin 1956. La bulle, si l'on peut dire!. Par radio, on nous signale que sur un autre versant du djebel, un oued coule avec de l'eau propre; le nôtre a encore des cadavres dedans. Aussitôt, le départ est donné pour le ravitaillement en eau par peloton. Un nombre de gars sont volontaires pour la corvée d'eau; je vais pouvoir me laver, boire à volonté et remplir les bidons des copains les plus HS.

Une heure de descente pour atteindre cet ''Eden'', ce paradis; des arbustes poussent ainsi que des lauriers roses. On ne peut s'attarder, d'autres sections attendent leur tour. Une heure de remontée pour trois litres d'eau dans mes bidons, et la soif que cela déclenche par l'effort fourni.

14 juin .5 heures 30 du matin: il fait froid sue ce djebel, à plus de 1200 mètres. Je dors enroulé dans ma toile de tente, protégé du vent par un petit muret de pierres que j'ai confectionné. Je me réveille courbaturé par la dureté du sol et le froid. Nous partons pour une fouille d'un autre quadrillage de roches toute la journée; la température de l'air est brûlante, et je n'ai plus de quoi manger. Je marche l'après-midi le ventre creux; retour de la randonnée à 19 heures30; J'ai la fringale; le ravitaillement, malgré la nuit qui tombe, nous est transporté par hélicoptère jusqu'à notre aire balisée pour la circonstance.

Vendredi 15 juin. J'ai bien dormi; mon tour de garde se situe de quatre à six heures. Heureusement qu'il y a de l'entraide entre copains, caporal, sergent, je me prépare un café bien chaud imité par mes potes, sur le feu que j'ai allumé entre deux pierres plates. Les rations sont arrivées à point. Le soleil est déjà haut et les mouches pullulent autour de notre bivouac. Je me doute de leur provenance: les cadavres qui restent dans l'oued y sont pour quelque chose. On rete en stand-by toute la journée. Les compagnies sont comme nous; elles reprennent leur souffle un peu partout dans la nature.

Le Colonel Bigeard, renifle le fell et sent sa présence; c'est son 6ème sens. Par renseignements de son deuxième bureau, il conclut qu'une partie de la bande décimée séjourne pas très loin de son régiment.Nous sommes dans le djebel Mellagou.

Samedi 16 juin. Nous partons musette TAP sur le dos avec tout le «brellage» (le matériel accroché aux bretelles jusqu'à la ceinture). Il est 1 heure 30, la nuit est sans lune, ce qui rend la marche pénible; la piste est couverte de cailloux roulant sous les pieds. 6 heures30, nous arrivons au point X,. J'entends les hélicoptères tourner, déposant leur cargaison de parachutistes en amont pour couper la retraite des fells en fuite. Un grondement de mitraille amplifié par l'écho du talweg nous arrive très près de notre position, la 3 ème compagnie et au contact et bientôt au corps à corps, le volume de deux katibas se trouvent piégées ( katiba=100/120 combattants). Les T6 ( avions de chasse américain), trapus, passent dans un bruit assourdissant, prenant les grottes pour cible, envoient leur cargaison de bombes dans les excavations naturelles où sont térrés les féllaghas; c'est cette bande commandée par Laghou Abbès, chef de la rébellion pour l'Est constantinois, attendait un convoi d'armes venant de Tripolitaine.,Il nous avait échappé il y a quelques jours.

Les grosses pièces donnent de la voix; 75 sans recul, mortier de 81 et de 60. Une fumée soudaine s'échappe d'un T6, touché par un tir fell,qui va se crasher en plein dans la bataille. J'aperçois des hélicos arriver sur les lieux de l'accident et déverser les paras en protection de l'avion; le pilote s'en sortira qu'avec des égratignures, une chance inouïe pour le pilote.

13 heures 30. Nous sommes héliportés au plus près de l'accrochage, J'apprendrais un peu plus tard, que notre Chef, le Colonel Bigeard vient d'être blessé gravement en montant à la charge, à la tête d'un groupement du 2ème R.E.P (Régiment Etranger Parachutiste), qui était bloqué par un tir nourri fell; atteint de deux balles, une dans l'épaule et l'autre à deux doigt du coeur.

Alors à l'annonce de cette triste nouvelle, c'est la ruée des compagnies, foncant tête baissée sur les rebelles; toutes les issues sont bouclées, pas un ne passera. Je suis sur une corniche en surplomb d'un fouillis de roches et d'arbrisseaux situés au fond de l'oued; les fells sont acculés et retranchés, déterminés à ne pas se laisser prendre vivant; ils défendent chèrement leur peau. Jeanneret met le FM en batterie; je suis chargeur du fusil-mitrailleur. Accolé au tireur, j'ai la fonction de mettre les boîtiers chargeurs en place dans le FM, le plus vite possible, afin que celui-ci puisse effectuer un tir rapide sans interruption.

Les rafales du FM balaient, les touffes des petits arbres, pour ne pas laisser les fells venir sur nous; les compagnies de l'autre côté, poussent la katiba vers nous. Je vois une compagnie délestée de ses sacs, foncer au contact; cela devient du corps à corps, l'étau se resserre de plus en plus. Les parachutistes ont la rage d'en finir, ils font payer la blessure de notre Chef. Après un matraquage de toutes les armes de la compagnie d'appui du Capitaine Chabanne, l'assaut est donné. Les sections avancent par bond s; un jet de grenades, un bond en tirant de leurs armes, ainsi de suite, rafales de PM, de FM, jusqu'au dernier, les grottes sont néttoyées, les hommes tombent des deux côtés. Le bilan est de 56 rebelles tués et 6 prisonniers; 50 armes de guerre dont un fusil-mitrailleur et quantité de vivres, de munitions, des postes radio, de nombreux documents, mais malheureusement nous avons 2 tués et 16 blessés.

17 juin 1956. L'escadron est compagnie d'intervention; nous sommes héliporté sur un djebel assez près du champ de bataille d'hier. Nous partons en ligne l'après-midi et descendons vers l'oued, fouiller ce qui ne l'à pas été. D'après les renseignements du PC BRUNO, des fell se seraient cachés dans des trous de rochers, de petites grottes invisibles, autant dire que nous sommes sur la défensive? Les combattants FLN n'ont plus rien à perdre, sinon la vie !!.

Nous trouvons deux cadavres fells coincés dans des failles de rochers, et un qui était dans un trou très profond, blessé. On a réussi a le sortir de sa position pour le remettre au PC de l'Escadron. Tout est passé au peigne fin; nous arrivons au fond de l'oued où dans une toute petite vallée une ou deux mechtas de paysan sur une hauteur et tout autour, des abricotiers, figuiers et autres sont en pleine production. Je remplis mes poches de fruits, imité par le groupe; une halte de cinq minutes nous permet de manger avec délectation les fruits pleins de sucre.

Etonné, je vois passer un grand para du peloton d'à côté, avec un crâne humain attaché sur son sac.( Je sais 54 ans après qui était ce para; il est devenu un ami, grâce à Internet, après avoir lancé des appels pour retrouver des anciens. C'est mon ami Daniel Belot, un des rares, encore en vie de notre épopée algérienne); il le traînera et s'en servira de repose-tête jusqu'à ce que le Capitaine Le Boudec lui dise de le mettre dans un coin. Ce crâne, il l'avait trouvé dans la montagne parmi les rochers.

18 juin 1956. Retour à notre point de départ avec tout l'Escadron; je suis sur les genoux. Le principal, c'est l'eau que nous avons; j'ai trouvé un genre de gourde bien utile pour avoir un peu plus d'eau.

19 juin. Nous partons pour Guentis, par la piste, puis les camions nous ramenerons à Tébessa, vers 17 heures; opération terminée. Fatigué mais content de rentrer.
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prigent

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MessageSujet: Re: la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMar 4 Sep - 16:56

La sortie d'un SIKO 56 avec ma section en tête le sergent infirmier Dubouil dont le fils a retrouvé ma trace car il vie en Russie, son papa est mort il y a quelques années et je lui est sortie des photos de son père, ( il avait le larmes aux yeux ) il adorait son papa, s'était un héros de DBP et de Lang-Son avec le 6e BPC ![Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
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MessageSujet: Re: la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMar 4 Sep - 17:04

On voie le sergent Dubouil récupérant les blessés de la marche forcée de Lang-Son, ou Bigeard a réussi a sauver la presque totalité du bataillon avec les viet au derrière ( deux division viet les talonné) si bien que les autres les ont appellés le " bataillon Zatopek " car pas un viet n'a pu tenir sa cadence de marche durant plusieurs jour et nuit sans une[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] halte !!!
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MessageSujet: Re: la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMar 4 Sep - 19:46

Bonsoir prigent

Merci pour ce récit sur la guerre d'algérie study
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prigent

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MessageSujet: Re: la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMar 4 Sep - 19:53

merci d'avoir arrangé le texte, car j'ai fait un copier/coller dégueulasse Embarassed
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Jeanlouis

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MessageSujet: Lettres de Sangs, Lettres de Gloires   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMer 5 Sep - 13:08

prigent a écrit:
On voie le sergent Dubouil récupérant les blessés de la marche forcée de Lang-Son, ou Bigeard a réussi a sauver la presque totalité du bataillon avec les viet au derrière ( deux division viet les talonné) si bien que les autres les ont appellés le " bataillon Zatopek " car pas un viet n'a pu tenir sa cadence de marche durant plusieurs jour et nuit sans une[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] halte !!!

Le 17 juillet 1953 à 17 heures, suite à la destruction des stocks viêt-minhs de Lang Son, le 6e BPC (Bataillon de Parachutistes Coloniaux) du commandant Bigeard, le 8e GCP (Groupement de Commandos Parachutistes) du capitaine Tourret et la SGP (Section de Génie Parachutiste) du lieutenant Duboucher ainsi que 200 civils (ayant choisi de fuir la région sous leur protection) prennent la direction de Loc Binh via la RC 4 (Route Coloniale n° 4).
Auparavant ont été évacués par hélicoptère Sikorsky S-51 les hommes blessés lors des brefs combats pour la prise de la place. Sur une quarantaine de kilomètres d’une route coupée par les “touches de piano” (série de trous creusés en quinconce sur la voie pour empêcher tout passage de véhicule, la terre enlevée étant dispersée au alentours ou jetée dans une rizière, ce qui complique le remblaiement) ou envahie par la végétation, les sept heures de progression, sous une température caniculaire (40°), sont marquées par le décès de deux parachutistes, victimes de coups de chaleur, malgré les soins des médecins.
Parachutés à Loc Binh en fin d’après-midi, le 2e BEP (Bataillon Étranger de Parachutistes) du capitaine Merglen s’y est posté en élément de recueil tandis qu’une SGP met en place les moyens de franchissement de la rivière Song Ky Kong. La colonne de repli atteint Loc Binh à 2 heures du matin, le 18 juillet 1953 et met quelques heures à franchir le Song Ky Kong pour rejoindre le 2e BEP à l’aube. Le lieutenant Rivier, médecin-chef du 6e BPC, obtient un largage d’eau potable qui s’effectue sous forme de pains de glace, balancés des C 47 Dakota en “Free Drop” (sans parachute).
La progression ne reprend que vers 17 heures malgré la menace éventuelle d’un accrochage avec une des divisions viêt-minh qui pullulent dans la région. La jonction se fait avec le GM 5 (Groupe Mobile n° 5) qui a remonté la RC 4 depuis Pointe-Pagode jusqu’a Dinh Lap pour y prendre en charge l’ensemble des parachutistes et des réfugiés à bord des camions GMC du GT 515 (Groupe de transport 515).
Les éléments de pointe des unités viêt-minh qui se sont lancés à la poursuite des troupes française ne peuvent qu’apercevoir les derniers camions s’éloigner.


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Jeanlouis

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MessageSujet: §§   la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie I_icon_minitimeMer 5 Sep - 13:10

Un Grand Merci Prigent pour ce récit et les photos respect et chapeau bas la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie 575809 la bataille de DJEDIDA-MELLAGOU en 1957 ..Algérie 575809
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