Marsouins de France et d'outre-mer
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 Combat dans les gorges de la CHIFFA

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2 participants
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prigent

prigent


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Date d'inscription : 01/01/2011
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MessageSujet: Combat dans les gorges de la CHIFFA   Combat dans les gorges de la CHIFFA I_icon_minitimeVen 29 Mar - 20:27

G17













Combat dans les gorges de la CHIFFA










15 avril 1957.

Je me réveille transi de froid dans ce Djebel de l'Atlas Blidéen . IL est 6 heures du matin, le plafond est bas un temps gris-blanc l'atmosphère humide retrouve regroupé l'Escadron au complet dans un décor de montagne en hiver. A 1200 mètres d'altitude nous venons de passer une nuit pénible.

Les rations reçues avant hier sont épuisées, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent, les paras émergent de leur toile de tente individuelle doublée de nylon, ils se sont enroulés dedans deux par deux, serrés l'un contre l'autre, cherchant un peu de chaleur humaine dans leur tenue camouflée mouillée, malgré la veste molletonnée le froid leur glace les pieds et les mains, le visage violacée entourée d'un chèche passant par dessus la casquette pour cacher les oreilles et serré autour du cou, ils attendent le ventre creux l'ordre du départ.

Certains grignotent un reste de pain, une pâte de fruit ou le contenu d'un sachet de sirop en poudre qu'ils sucent, c'est acide mais cela donne l'impression d'avoir quelque chose dans le ventre. Les camions de ravitaillement sont bloqués à quelques kilomètres de là en bas dans la montée du col et nous décrochons pour tenter de rejoindre le convoi bloqué envasé dans un bourbier de piste rendue inutilisable par les trombes d'eau qui se sont abbatues dans la région.

Le vent glacial souffle en rafale et nous gèle les os. Nous entreprenons la descente afin de prendre contact avec les GMC immobilisés plus bas.

La piste au fur et à mesure se transforme en une mélasse de neige de glace et de boue. Nous sommes à 800 mètres d'altitude la marche et pénible dans la descente de la piste mais nous savons que le ravitaillement nous attend, nous trouvons assez de ressource et d'énergie pour avancer. Un mot d'ordre est passée dans la colonne: pas de camions au rendez-vous ? Ils n'ont pas pu passer , c'est la consternation générale. Bientôt nous apercevons 4 jeeps qui réussissent à grimper sur la piste impraticable par endroit, les véhicules chargés de caisses, apportent la nourriture pour les compagnies restant sur le terrain.

Nous continuons notre descente qui devient moins périlleuse, le vent c'est calmé et la température devient plus clémente ce qui ne rend pas moins pénible notre descente, les camions nous attendent à l'entrée des Gorges de la Chiffa, nous sommes suivi par la 2e compagnie du capitaine Planet qui embarquent comme nous dans les GMC mais ce ne sont pas les bahuts du ravitaillement, ceux là nous transportent pour fermer les talwegs aboutissants dans les gorges. L'affaire est sérieuse, les camions foncent pendant une trentaine de kilomètres sur cette route qui traverse les gorges un oued impétueux coule dans les fonds.

Plus question de manger. Nos deux compagnies descendent sans les sacs pour courir plus vite. Les chefs de sections sont fébriles, les sections s'infiltrent par les hauteurs au pas de course, il est 17 heures, nous bouclons un immense talweg, tout de suite je m'aperçoit du sérieux de l'affaire les fels sont dans la nasse. La voltige avance avec prudence, l'engagement est brutal, une fusillade devant moi stoppe les équipes de voltigeurs.

Les rebelles sont pris au piège, ceux que nous avons cherchés durant plusieurs jours sont accrochés depuis 6 heures, ce matin par quatre compagnies du 6e RAC, deux morts et plusieurs blessés dans leurs rangs dans cet engagement sérieux et meurtrier.

Nous prenons l'opération à notre compte, l'encerclement du ravin couvert du forte végétation et en cours. Véritable jungle dans cet immense talweg qui n'a plus rien à voir avec l'enfer que nous avons vécu durant deux jours. Il fait presque chaud dans ce fond d'oued des arbres, lauriers rose, lentisque parmi les rochers recouvre tous les fonds ou coule une eau vive descendant de la montagne.

J'apprends que des Officiers Supérieurs observent le déroulement des combats qui se déroulent sous leurs yeux.




Notre progression est stoppée, un tir de barrage effectué par la compagnie d'appui du capitaine Chabanne ce fait entendre, toutes les pièces sont de la partie,: les canons de 75 sans recul, les mortiers de 81 et de 60 donnent de la voix. Que de grondements et d'explosions juste devant nous, plaqués au sol nous attendons la fin du tir de barrage, les lance-grenades balancent leurs charges creuses dans la végétation pour faire du volume. Un obus de 60 tombe à 20 mètres de ma position, nous rentrons la tête dans le sol, ils sont fous de tirer si près. Ce tir nous a était bénéfique, une infiltration des fels sur notre position avait été détecté par la CA qui nous balancé ce pelo* pour stopper les rebelles. L'assaut se déclenche dans un feu d'enfer, la voltige grenade et rafale en avançant, imperturbable les chefs de groupes et de sections montrent l'exemple; la végétation dissimule les fels, les MAT 49*, Mas 36* MAS 51*sont de la partie, couvert part les FM 24/29* qui malgré leurs vieillesses font merveilles.




Les rebelles bien armés se dévoilent, ils sont par petits groupes bien embusqués dans les rochers les tirs de mortiers n'ont pas affectés leur ardeur au combat; l'assaut est stoppé, un tir de mortier par la CA est demandé à la radio, le matraquage recommence pendant plusieurs minutes, et c'est l'assaut de la 2e compagnie en gueulant, ils en ont les gars, chapeaux la 2.

Par bonds les paras lancent des grenades, explosion et rafalent en avançant d'un bond et cela recommence, Je suis un peu en surplomb du combat qui se déroule sous mes yeux. Mon groupe voltige avec le sergent Robitaille descend pas très loin des fels qui tirent dans notre direction, on lui passe nos grenades qu'il balance en contre-bas. Victor Angot fait du tir tendu avec son LG* passé tireur au FM je balance des rafales dans la végétation qui trésaille sous les impacts de projectiles. Des renfoncements et des cavités font de bonne protection aux rebelles, je les fixe par des tirs les empêchant de remonter par les pentes du ravin.




Soudain Derviaud de l'autre équipe est touché à la poitrine il s'écroule à 30 mètres de moi, les fels sortent de leurs abris et montent à l'assaut, ils essaient de passer à travers le barrage de feu, à son tour le sergent Robitaille s'écroule une balle dans le ventre une autre dans le bras, les rebelles montent en criant, la situation devient critique, Huart le tireur FM du 2e peloton à la cuisse déchiquetée par une chevrotine, les gars les remontent sous les balles qui sifflent aux oreilles.

J'entends les gars hurler des ordres où lancer des appel de reconnaissance pour ne pas s'entretuer dans ce combat en aveugle. Le combat sauvage fait rage, les gars de la 2 en arrive parfois au corps à corps, cet un immense champs de bataille ou tous le monde s'entretue, je ne sais plus ou tirer, les fels qui montaient à l'assaut de notre position sont morts ou blessés, le rouleau compresseur des sections d'assaut est impressionnant, les fels sont battus par la furia des lézards verts*.

La bataille diminue en intensités et se dissipe dans les fonds de l'oued, les combattants du FLN* sont éliminés inexorablement dans l'avancée des section au combat. Nous sommes avec le lieutenant Michel notre chef de peloton, un rebelle qui doit avoir la baraqua* s'enfuit en sautant de roche en roche dépassant du cours d'eau sous un feu infernal, je vois les impacts l'encadré sans le toucher les éclats de pierres sautent tout autour de lui sans l'atteindre, il en réchappera. L'eau de l'oued est rouge de sang, le 1er et 2e peloton ont fait un travail remarquable. J'ai vidé 3 boites chargeurs, je suis maintenant dans le fond de l'oued des coups de feu résonnent encore de loin en loin, des corps en bouillie partout, déchiquetés par les tirs d'artillerie. Nous remontons les armes trouvées, il y a de tout: fusils de chasse, Mauser, thomson, PM, MAS 36, 303 anglais, 1 FM 24/29, jumelles, documents.

Un combattant FLN sérieusement blessé aux bras et épuisé par le combat se rend, se sera le seul . Le bilan de cette bataille est de 43 morts rebelles, chez nous: 1 mort et 4 blessés.




Il est 1 heure du matin quand nous rejoignons les camions, le ravitaillement se trouve au col de Chréa*, nous y sommes à 2 h30 à 1500 mètres d'altitude, je suis de mauvaise humeur car je n'ai rien dans le ventre depuis ce matin, heureusement qu'un repas chaud nous attend demandé par Bruno* cela nous met du baume à l'âme, je ne sais quel service à préparé le repas mais il est excellent et bienvenue, nous oublions vite nos fatigues, le repas terminé nous repartons en GMC pour un trajet de 5 kilomètres ou nous sommes hébergés dans une colonie de vacance, de la paille nous est fournie pour mettre sur le sol carrelé, dehors 15 centimètres de neige recouvre le paysage.




Nous avons des têtes méconnaissables par la boue et la transpiration, notre premier boulot sera de décrasser nos carcasses, ou tout au moins d'enlever le plus gros de la saleté nous recouvrant le corps, on verra après un bon someille.
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SixOfOne




Messages : 35
Date d'inscription : 28/03/2013

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MessageSujet: Re: Combat dans les gorges de la CHIFFA   Combat dans les gorges de la CHIFFA I_icon_minitimeVen 29 Mar - 21:12

Bonsoir à tous,

Récit très émouvant écrit avec talent puisque à la lecture on se sent comme sur place, plongé dans l'action, confronté aux sentiments et émotions. Une écriture franche, sans jambage, et obstinément cinématographique, seul le vécu permet d'écrire aussi directement. Bravo.

Philippe
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