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Il a perdu deux hommes en Afghanistan
Par Martin Feneau avec A.H
Publié le 14 juin 2012 à 07h04
Mis à jour le 14 juin 2012 à 07h17
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TÉMOIGNAGE - "Je sais ce que c'est que de ne pas revoir quelqu'un à qui on a donné un ordre", témoigne le colonel Héluin.
Il a perdu deux hommes sur le sol afghan en avril et mai 2011. Alors qu'un hommage national est rendu jeudi aux quatre soldats tués samedi dernier en Afghanistan, le colonel Bruno Héluin, à la tête du 2e Régiment d'infanterie de Marine (RIMa) basé au camp d'Auvours, dans la Sarthe, s'est confié à Europe 1. "Je sais ce que c'est que de ne pas revoir quelqu'un à qui on a donné un ordre. En partant en Afghanistan, je me suis dit que j'espérais ne pas le vivre", raconte le colonel Bruno Héluin.
"Il est mort sur le coup"
Sa mission a duré un peu plus de six mois, de décembre 2010 à juin 2011. Parti avec un bataillon de 800 hommes, il a perdu deux soldats de sa caserne à quelques semaines d'intervalles.
Ces soldats ont été victimes de mines :
"On se dit que l'on va passer au travers, puis, le réveil est brutal. J'étais sur une position fortifiée, juste en bord de cette vallée. J'ai entendu l'explosion. Ce n'est pas une porte qui claque, c'est autre chose. Et puis, le compte-rendu arrive : il manque quelqu'un. On vient de le retrouver et il est mort sur le coup. On se dit 'ça y est, on n'arrivera pas à ramener tout le monde''.
"Au moment où cela se produit, on se dit 'pourquoi tout ça ?'", confie le colonel Bruno Héluin.
"Il s'agit de repartir tout de suite"
"Tout le monde regarde le chef en se demandant s'il est serein ou s'il est effondré. Une heure après, on va prendre l'hélicoptère pour une opération. Il s'agit de repartir tout de suite. Après, on s'interroge. Le moment où l'on s'interroge vraiment, c'est devant la feuille blanche pour écrire à la famille", précise-t-il.
"J'ai écrit ces lettres, toujours à la main : 'C'est moi qui ait donné l'ordre qui a conduit à la mort de votre fils'. Et puis, on essaye de donner du sens à tout cela. Quand on est arrivés en Afghanistan, personne ne dépassait le parallèle 42 de la vallée de Tagab. Quand on est partis, il y avait 10 kilomètres de vallée qui étaient entre nos mains", insiste-t-il. "On est partis en haut de cette vallée. On leur dit 'votre fils a servi à cela'".
© Reuters
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