Dans les Gorges de la Chiffa,
Les Paras du 3ème RPC au casse pipe
15 avril 1957:.Il est six heures quand je me réveille avec le groupe FM, dans un décor de tristesse. Le plafond est bas et l'atmosphère humide de notre point de regroupement de l'Escadron. Nous avons reçu les boites de rations avant hier, il ne reste plus grand chose à manger après avoir mangé le casse-croute du matin, un jus froid dans le ventre, c'est le départ de tout l'EJA à pied, nous décrochons, dix kilomètres dans la tourmente d'un vent glacial qui nous gèle les os, pour atteindre les camions de ravitaillement bloqués sur la piste. Nous sommes à huit cents mètres d'altitude. Il pleut de la neige fondue, à partir de onze cent mètres, tout le paysage est blanc, il fait un froid humide qui pénètre notre tenue camouflée, malgré la veste molletonnée enfilée sur les équipements.
Nous attendons les camions de ravitaillement, il est treize heures, nous avons deux par deux, fait des remparts contre le froid avec nos toiles de tentes doublées de nylon, protection bien précaire du vent qui pénètre par tout les interstices de notre pauvre abri de misère.
Pas de camions mais quatre jeeps qui réussissent à passer par cette piste impraticable par endroit. Les quatre véhicules apportent de la nourriture que pour les compagnies restant sur le terrain. Nous continuons notre chemin jusqu'aux bahuts qui nous attendent à l'entrée des Gorges de la Chiffa.
La deuxième compagnie et l'Escadron, ( qui est ma compagnie ), embarquent, c'est certainement urgent,vu la fébrilité des Chefs, trente kilomètres de route en GMC, arrêt nous descendons sans nos sacs, ordre du Lieutenant, il est dix sept heures, nous fonçons dans la direction d'un talweg, en passant par les hauteurs, il y a du remue-ménage.
Les fells sont là, c'est ceux que nous cherchions depuis quelques jours; ils tiennent en échec depuis six heures trente ce matin, quatre compagnies du 6ème RAC, qui ont à déplorés deux morts.
A notre tour nous prenons le relais, l'encerclement du ravin couvert de végétation et en cours. Véritable jungle, de broussailles et d'arbres, de roseaux et de rochers au milieu de l'oued qui coule parmi ce fouillis, nous sommes en altitude de trois ou quatre cents mètres,le temps s'est amélioré, la température aussi. Sur un point haut des Officiers Supérieurs sont en observation sur la bataille qui va se déroulée dans un instant. Notre progression est stoppée car un tir de mortier est donné. Je suis dans la pente du talweg, quand le tir se déclenche, un obus explose à vingt mètres de moi, j'ai rentré la tête dans les épaule, ils sont fous de tirer aussi prêt de nous, l'accrochage se déclenche, à l'assaut du talweg à la MAT49 et à la grenade, çà pète de partout, une fusillade d'enfer !!. les rebelles ce dévoilent ! Bien armés. Les tirs de mortiers sont demandés avant de faire un bond en avant, les LG (lance grenade) sont à la fête.
Les tirs d'artillerie stop, puis c'est l'assaut!? La 2ème compagnie descend par bond, à la grenade, la voltige a fort à faire, toutes les armes donnent de la voix, FM, MAT49, MAS 52
LG. Je suis en surplomb du combat, le groupe voltige du Sergent Robitaille descend à cinquante mètres des fellouzes, on lui passe toute nos grenades qu'il balance en contre-bas, Victor Angot fait du bon travail avec son LG, avec mon FM j'arrose les pentes de l'autre côté pour interdire la remontée du talweg,. Soudain Derviaud est touché à la poitrine, il s'écroule, à cinquante mètres les fells sont là, essayant de forcer le barrage, à son tour le Sergent Robitaille est touché aux bras et aux parties, Huart à la cuisse déchiquetée par un plomb de chevrotine, on les remonte sous les balles qui sifflent tout près.
J'entends les gars hurler des ordres ou lancer des appels , le combat et âpre, la 2ème compagnie donne le plus gros effort dans l'avance ,au PM et à la grenade, les balles viennent ce perdent jusqu'à nous . Un ordre bref et c'est l'assaut final, de tous les Paras, des fells planqués dans un trou de rocher tirent à l'aveuglette, ils sont neutralisés au lance grenade. La mitraille se dissipe, les rebelles sont soit tués ou en cavale pour trouver une sortie , ils ne trouverons aucune issu. les morts jonches le fond du talweg, l'oued coule rouge du sang de nos ennemis, le 1er et le 2ème peloton, ont fait un travail remarquable, j'ai vidé trois boites chargeur, je suis dans l'oued et les coups de feu résonnent encore, nous remontons des armes récupérés sur les rebelles, il y a de tout, depuis le fusil de chasse, Mauser, Thomson, PM, Carabine US M1, Mas 36, un FM 24/29, jumelles, documents. Un fell blessé au bras et à bout de force se rend Le bilan est: du côté rebelles, 43 morts. Nous avons est c'est triste un mort à déploré et deux blessés.
Je veux citer un cas râre: un seul fellagha s'en est sorti et pourtant, 300 mecs qui lui tirent dessus, c'est quelqlue chose, il sautait dans l'oued de pierre en pierre de toute ses forces, la " baraqua " était avec lui ce jour là.
Il est une heure du matin quand nous rejoignons les camions, le ravitaillement ce trouve au col de Chréa. Arrivons à deux heures trente à 1500 mètres d'altitude, de mauvaise humeur avec rien dans le ventre depuis ce matin, un repas chaud commandé par le Lt.Colonel Bigeard, nous mets du baume à l'âme, je ne sais quel service à préparait le repas, il est excellent, cela nous fait oublier nos fatigues, nous repartons à cinq kilomètres pour être hébergés dans une colonie de vacance, de la paille nous est fournie pour mettre sur le sol carrelé, dehors dix à quinze centimètres de neige recouvre la nature.
Nous avons des têtes méconnaissables par la boue et la sueur, notre dernier boulot: nous décrasser , enlever le plus gros de la saleté qui nous couvre, le reste on verra après le sommeil.
IL est neuf heures quand je me réveille!! Quel ronflette !! et dans le local dix mecs crevés de fatigue çà fait du bruit !. Après un solide petit déjeuner, car il est rare de prendre un petit déjeuner en opération et au lit s'il vous plait, on mange pour prendre des calorie et c'est tout . Et comme toutes les commodités sont a notre portés, un bon lavage,rasage, je change de chaussettes et de pataugeas, pour le slip et le tricot de peau, on verra à la base, les pieds avant tout.
Nous avons perçus deux boites de rations et le pain équivalant à deux jours de mangé, soit une boule, à midi , à nouveau un repas chaud (exceptionnel) nous sommes gâtés, je me recouche de treize à quinze heures trente. Le ciel est devenu bleu, le dégel ce fait, la boue donne un spectacle d'après déluge . Nous partons demain à quatre heures du matin.
Chréa, station de sport d'hiver pour gens fortunés et vacance d'été, nous sommes dans une jolie colonie de vacance et la pièce ou nous nous trouvons est l'infirmerie c'est pourquoi tout est carrelé en blanc. J'ai un appétit féroce, étant donné mon petit gabarit, je dépense d'avantage de calorie, et par conséquent je mange plus, tout le groupe dévore également de bonne appétit.
Ne sachant que faire, il est dix neuf heures trente, je rédige mon carnet de marche et surprise, du courrier nous arrive, avec deux lettres de ma mère, et en nous amusant on vide le contenue d'une des boites de ration perçue, le soir arrive et je reçois une nouvelle boite et du pain, oh !! ce n'est pas bon signe, demain retour à la réalité.
17 avril 1957 . Il est trois heure du matin; c'est reparti, je ne s'est rien de la destination sinon que nous descendons vers une vallée encaissée, il fait très froid avec un vent qui nous fouette le visage, la piste pleine de boue nous obligent à jouer les acrobates pour rester sur nos jambes sans partir en glissade dans tous les sens. Au fur et à mesure de la descente, la piste devient plus praticable, de mille cinq cents mètres nous sommes à moitié chemin de la vallée, et déjà le vent s'est atténué et le froid moins vif, petit à petit nous sommes en vue de la plaine vers neuf heures, il y a des mechtas un peu partout, nous nous séparons par section pour faire la fouille d'un groupe d'habitation. Je reste en batterie pendant que la voltige fait ses investigations jusqu'à seize heures, tranquille comme à l'exercice. .Les mechtas sont désertées par ses occupants, pas une femelle et encore moins de mâles, c'est à ce demander ou ils sont passés ? .
Je prépare ma position FM auprés de gourbis d'ou sortes affolées des poules naines, et c'est Derck qui en chope une, comme se sont des poules féllaghas, il vaut mieux que se soit nous qui les mangions, une demi-heure après elle est au pot dans un faitou en tôle qu'un copain à trouvé,. On fait vite car la pluie arrive pour se soir, nous montons nos minuscule toile de nylon en guise de tente, je n'ai pas de tour de garde à faire, la ballade se termine demain.
18 avril . On boucle les musettes TAP à la hâte, car le départ est à cinq heures, Tabourin qui est le dernier de garde, à eu la gentillesse de nous faire un café chaud, mais uniquement pour le groupe de la pièce FM. Nous revenons par le col de Chréa pour récupérer les camions. Vingt cinq kilomètres de piste et la descente des 1500 mètres de col enneigé que sur les 200 premiers mètres, après çà va assez bien, mais quel cadence, j'en ai le souffle court. Nous croisons la 3ème compagnie du Capitaine Llamby de qui fait un arrêt, et puis c'est la poursuite de notre course vers Blida, dans les derniers kilomètres, cela ressemble au cheval qui sent l'avoine, l'accéleration laisse des épaves qui nous rejoindrons plus tard, j'ai ma fierté pour moi avec ma tête de breton, je veus rester dans le peloton des grands,. Enfin voici les bahuts nos sauveurs, je me lâche et vais m'affaler dans l'herbe du bord de route en attendant les treinards défigurés par l'éffort.
Retour à la ferme ''Isabelle'', notre base avancée près de Blida