Marsouins de France et d'outre-mer
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Marsouins de France et d'outre-mer

Ce forum est dédié à tous les marsouins de France et d'Outre-mer, pour se retrouver, quelque soit le régiment duquel ils sont issus. Infanterie, Bigor, Cavalerie, parachutiste. et à tous nos frères d'armes.
 
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 Témoignage d'un para du 8 à ses camarades :

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Jeanlouis

Jeanlouis


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MessageSujet: Témoignage d'un para du 8 à ses camarades :   Témoignage d'un para du 8 à ses camarades : I_icon_minitimeDim 18 Aoû - 22:49

"L'embuscade de la vallée d'Uzbin…
C'est le parachutiste Le Pahun qui sera abattu le premier. Il était le voltigeur de pointe de la section. A 50 mètres du col, il est fauché par une rafale. Ses camarades de Carmin 3 retrouveront son corps à l'aube. C'est le début de furieux combats. Damien Buil, le chef de groupe qui est parti le chercher, revient en titubant. "Je suis touché au ventre", dit-il avant de tomber, à découvert, au milieu de la piste. Marchand, Darchy et Gros veulent à leur tour y aller. Soudain surgit un taliban. Darchy vide la moitié de son chargeur sur lui. Pendant ce temps, Marchand tire le blessé derrière le rocher où sont abrités ses camarades. Ils lui enlèvent son casque, son gilet pare-balles percé par les éclats, posent un pansement compressif. Damien veut vivre. Il résiste pour sa femme Aurore, enceinte d'un petit garçon, et pour Lilou, sa fillette de 2 ans et demi.

Les talibans attendaient visiblement les Français. Oui, ils ont su quand ils ont quitté leur base de Tora, puis les ont vus venir de loin, entrer dans la vallée, progresser ensuite à pied vers eux. Ils disposent de fusils-mitrailleurs, de tireurs d'élite équipés de fusils Dragunov à lunette. Ils tirent d'abord sur les premiers éléments français. Ensuite, leurs snipers cherchent à éliminer le chef de la section, l'adjudant Gaëtan Evrard, blessé, et son radio, qui sera tué. Les talibans sont à cinq contre un. Les Français tentent de se regrouper pour se dégager du feu ennemi. Les avions et les hélicoptères américains arrivés un peu plus tard mitraillent les talibans qui essaient alors de s'imbriquer au milieu des Français. C'est presque du corps à corps. Un taliban surgit à 20 mètres de Dussat. Darchy lance une grenade et "sèche" l'insurgé. Au même moment, l'adjudant Evrard est touché à l'épaule. Ils sont quatre soldats à se serrer derrière un petit rocher. Le tireur d'élite Kevin Chassaing réussit à éliminer un sniper à 450 mètres. Mais les talibans ripostent, sautant de rocher en rocher. Alexis Taani, le radio, alterne bouche-à-bouche et massage cardiaque sur un blessé. Une balle lui traverse la main et frappe Buil, qui s'éteint peu après. Les talibans ont compris et concentrent leurs tirs sur ce petit groupe. L'adjudant Evrard est menacé. Taani se dresse devant lui pour faire écran. Des balles claquent dans son dos. Il vient de se sacrifier pour sauver son adjudant. Darchy et Chassaing le traînent sur la piste pendant que trois camarades vident leur dernier chargeur pour les couvrir. Le premier, Darchy, prend une balle dans le tibia. Chassaing tombe, touché à la cuisse. Un second projectile le frappe en pleine tête. Un taliban surgit devant Darchy. Il n'a plus que son pistolet automatique. C'est quitte ou double. A 20 mètres, il vide son chargeur. Le taliban s'effondre.

Des soldats français se sacrifient pour sauver leurs camarades... Le caporal-chef Penon a le genou fracassé par une balle. Blessé, l'adjudant ne peut pas le porter. Il faut courir. L'infirmier préfère rester, lucide sur son état. Il sera découvert mort près du même rocher, après avoir épuisé ses munitions pour couvrir le départ de ses camarades. Plus loin, une balle percute le casque de Garabedian. Il est sonné mais Nicolas Grégoire l'entraîne vers un rocher. Soudain, un cri, une chute : le caporal-chef Grégoire est fauché à son tour. Garabedian se précipite sur lui et reçoit comme une immense claque dans le dos, qui le jette au sol. C'est une volée d'éclats, heureusement arrêtée par son gilet pare-balles. Plus loin, Paul, Hamada et Waetheane progressent accroupis. Une balle casse le bras d'Hamada. Waetheane est lui aussi touché. Il réussit à sauter un muret mais les impacts les poursuivent. Waetheane, touché une seconde fois, a la force de courir s'abriter derrière un rocher. Le groupe lui injecte une dose de morphine et lui fait un garrot. A côté se trouve Anthony Rivière, 22 ans, qui se plaint du ventre. Il n'y a pourtant ni sang ni impact sur son pare-balles. On découvrira que ce jeune Réunionnais a pris dans le tibia une balle qui est remontée jusqu'au foie, provoquant une hémorragie interne fatale. Hamada, lui, ne sent plus son bras droit, retourné dans son dos. Tout seul, il le ramène devant, récupère le garrot tourniquet dans sa trousse, le pose sur la blessure et serre avec les dents. Il renonce à la morphine pour ne pas s'endormir. Lui aussi veut vivre, par amour : sa femme est enceinte.

Les parachutistes français sont parfois si près des talibans qu'ils les entendent parler. Oui, ils descendent de façon espacée et crient pour se parler. A un moment, Gros comprend qu'ils sont arrivés à hauteur du secteur où se trouvent les corps de Buil, Chassaing et Taani. Ils devinent que les talibans dépouillent leurs camarades, récupèrent leurs armes. Marchand les entend rire. Il imagine la curée. Pour lui, c'est trop. Il lance une première grenade défensive quadrillée, qui en couche quatre ou cinq. Du coup, c'est le silence. Il veut jeter la seconde mais, blessé au bras, n'arrive plus à la dégoupiller. Gros voit quatre talibans se redresser au moment de la première explosion. D'une rafale, il en tue deux. Deux autres se mettent à vociférer dans leur radio. Une nouvelle grenade ramène le silence. Il détecte un autre taliban sur la droite, tire, le blesse et en abat un troisième venu l'aider. Les paras ont su rendre coup pour coup pendant des heures.

Au fil des heures, ils ont quand même le moral qui baisse. C'est sûr, mais sans perdre leurs moyens. Ils restent très solidaires. Ils se parlent beaucoup d'un rocher à l'autre. Bien entraînés, ils ont la foi et sont disciplinés. Lorsque le caporal-chef Marchand ne peut plus bouger, il demande à ses hommes d'aller chercher de l'aide. Lui attendra sur place. "Pas question, répondent ses hommes. On ne vous laisse pas." "Ça ne sert à rien", gueule Marchand en leur jetant un caillou. "C'est un ordre !" Les soldats obéissent. Marchand se retrouve seul. Trois talibans descendent dans sa direction. Waetheane, Paul et Garabedian sont couchés dans un talweg. Les insurgés passent sans les voir. Marchand serre plus fort sa grenade, sa dernière arme. Il ne bouge plus. Les talibans ne s'arrêtent pas, le croyant mort. Le caporal-chef hallucine : il pense voir le soleil monter, alors qu'il est en train de se coucher. Au bout d'une heure, il décide de descendre, à son rythme. Mais, juste un peu plus haut, un fusil-mitrailleur tire de courtes rafales pour bloquer le passage. La seule solution, c'est sa dernière grenade. Il se concentre, respire un grand coup, la dégoupille calmement et la lance au plus juste. Abasourdi par ses tirs, le taliban n'a pas entendu la cuillère sauter. Il disparaît dans l'explosion. La voie est libre. Soudain, un hélicoptère américain fonce droit sur lui. Il est à 10 mètres. Marchand croit qu'il va se faire buter pour ses camarades ! De son bras valide, il fait de grands gestes lents. Le pilote hésite, manœuvre un quart de tour à gauche et tire une salve de roquettes loin derrière le caporal-chef, qui entend des cris. L'hélicoptère vient de lui sauver la vie en anéantissant un nid d'insurgés. Il hurle sa rage de vivre et ne peut s'empêcher de crier aux talibans : "Bandes de chiens."

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