En t'engageant dans les marsouins
En t'engageant dans les marsouins
T'iras peut-être chez les bédouins.
Il ne faut pas avoir de faiblesse,
Les voyages forment la jeunesse,
Tu verras Madagascar,
T'en reviendras un lascar.
Quand t'auras vu du pays
Nous vivrons en rentier à Paris.
Tu as tes dix-huit ans mon gaillard,
Aux coloniaux sans réticences
Engage-toi, dis un vieux gaillard
A son enfant qui le gênait de sa présence.
Ta mère n'est plus, mais j'ai ta part
Et tous ces biens sous ma gérance.
Cet argent-là c'est ton avenir
Je le garde pour quand tu vas revenir,
Et plus loin tu t'en iras,
Plus mon gaillard tu fortuneras.
Mais à peine son fils embarqué,
Déjà partout la salle rosse,
Avec des femmes se faisait remarquer,
Pendant trois ans il fit la noce ;
Lorsqu'un beau jour, tout détraqué
Il reçut la lettre de son gosse :
"Mon bon papa je suis libéré
Avec la classe qui va rentrer
Tu vois qu'çà n'a pas été long,
Je reviens avec mon premier galon."
"Je suis sergent dans les marsouins,
Je t'écris de chez les bédouins,
J'ai fait mon temps en Afrique,
J'ai le teint couleur de brique.
Je connais Madagascar,
J'suis d'aplomb comme un brisquard.
Maintenant qu'j'ai vu du pays,
J'serai bientôt dans tes bras à Paris."
Lorsqu'il vit son teint bronzé
Avec son galon et sa médaille,
A ses pieds le vieux s'est agenouillé
En lui disant : "Je suis une canaille,
Je n'ai plus rien, j't'ai mis sur la paille.
Fais de moi ce que tu voudras mon enfant,
Je mérite le plus dur châtiment." (Bis)
Il lui répondit : " Papa lève-toi
Je te caserai, mais quant à moi,
Je retourne chez les Marsouins.
Va il ne te manquera pas de pain,
Je te mettrai dans un asile
Où les femmes t'y laisseront tranquille.
Au pays de l'abricot
Le soleil vous tape sur l'Kongolo
Mais aussi vrai que j'te dis,
Y'a moins de chameau qu'à Paris"