Bonsoir les marsouins
En voici une parti du texte
Le 6 avril 1994, un drame, parmi les plus terribles que le vingtième siècle ait connus, commençait au Rwanda. Ce drame appartient à notre mémoire collective, celle de nos soldats qui se sont engagés dans ce pays pour tenter de mettre fin à l’horreur du génocide. Vingt ans après, la France contribue au devoir de mémoire, dans le respect de la dignité du peuple rwandais, le souvenir des victimes et des récits, terribles pour la conscience humaine, des rescapés du génocide. Ce respect que nous devons au Rwanda et aux indicibles souffrances que ce pays a traversées, c’est aussi celui de la vérité. A cet égard, les mots ont un sens et, dans ces circonstances, certaines accusations ne peuvent rester sans réponse. L’honneur de la France et de ses armées, c’est d’avoir, avant d’autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d’une communauté internationale paralysée. Elle l’a fait dès le mois de mai 1994, en étant la première, par la voix courageuse d’Alain Juppé, alors ministre des Affaires étrangères, à reconnaître dans ces tueries un génocide et à réclamer un sursaut de la communauté internationale. Elle l’a également fait en incarnant elle-même ce sursaut. Au terme d’un intense combat diplomatique et d’un défi logistique considérable, l’armée française était déployée à Goma, aux portes du Rwanda, pour déclencher l’opération Turquoise dans le cadre d’un mandat des Nations unies. Cette opération, conçue dès l’origine pour une durée limitée à deux mois, répondait à un but et un seul, celui de créer sur une partie du territoire rwandais, une zone humanitaire sûre, qui allait permettre de sauver des dizaines de milliers de vies humaines.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Extrait de l’ordre d’opérations de Turquoise – 22 juin 1994
Les ordres d’opération sont établis le 22 juin 1994 à 10 h 16. La mission des forces de Turquoise est clairement définie ; il s’agit de “ mettre fin aux massacres partout où cela sera possible, éventuellement en utilisant la force ”. Cette dernière précision découle directement des termes mêmes de la Résolution 929 qui autorise l’emploi de tous les moyens nécessaires, y compris la force, pour atteindre les objectifs humanitaires énoncés.
Tertio : Idée de Manoeuvre
1/ adopter une attitude de stricte neutralité vis-à-vis des différentes factions en conflit. Cet impératif signifie qu’il s’agit de faire cesser tant les massacres des Tutsis par les milices que les exactions commises par le FPR en représailles à l’encontre des Hutus;
2/ insister sur l’idée que l’armée française est venue pour arrêter les massacres mais non pour combattre le FPR, ni soutenir les FAR afin que les actions entreprises ne soient pas interprétées comme une aide aux troupes gouvernementales. L’expérience montrera qu’il était plus aisé de persuader le FPR que la France n’était pas de retour au Rwanda pour le combattre que de faire comprendre aux FAR que ce retour ne signifiait plus une aide ou un soutien;
3/ affirmer le caractère humanitaire de l’opération, en liaison, chaque fois que possible, avec les ONG. Ce point est important car il qualifie l’opération en même temps qu’il préfigure le concept d’intervention
militaro-industrielle.
La possibilité reconnue de recourir à la force nécessite la définition de règles d’engagement de la force en se fondant sur la notion de légitime défense élargie. L’emploi de la force est admis dans ce cadre lorsqu’il y a :
- menace sur les forces françaises;
- menace dans la mission de protection des personnes, soit contre les forces françaises, soit contre les populations protégées;
- obstruction dans l’exécution de la mission des forces françaises ; dans ce cas, l’accord du COMFORCE (Commandant de la force) sera recherché.