Ce régiment deviendra célèbre Vive le "3 "
D'un régiment de "bidasses" récalcitrants,
il fait un véritable outil de guerre : le "3"RPC
Au départ du 3ème RPC,
un bataillon créé à Mont-de-Marsan avec des rescapés d'Indochine
et des engagés
qui jouent aux "durs", se prenant volontiers pour des "terreurs",
ce qui ne les empêche pas de recevoir, dans des cafés d'Afrique du Nord,
des raclées magistrales de la part de simples bidasses.
Le reste du 3e R.P.C., c'est à dire plus de la moitié de l'effectif :
des rappelés arrivés en Algérie précédés de la facheuse réputation,
des bons à rien, des communistes, de la graine de mutin.
Il est de fait qu'à Versaille, ou ailleurs, ces charmants jeunes gens,
furieux de quitter leurs habitudes et de retrouver
l'atmosphère déprimante de la caserne,
se sont livrés à des manifestations inquiétantes,
en criant "A bas la guerre d'Algérie"!, entonnant l'Internationale.
Il avait fallu faire appel aux CRS pour les embarquer.
Cette réputation n'est pas pour déplaire à BIGEARD. Bien au contraire,
il se frotte les mains. L'occasion est trop belle de montrer ses qualités d'entraineurs
d'hommes et d'appliquer sa méthode d'action psychologique.
Le 3e R.P.C. deviendra un régiment de choc et il saura faire parler de lui.
Ce sera l'instrument de la guerre nouvelle,
de la guerre subversive, n'en déplaise aux doctrinaires des états-majors,
D'abord du suspense! Pendant plusieurs jours, le chef refuse de se montrer à 800
gaillards plus ou moins mal embouchés.
Enfin, le grand jour arrive. Devant le régiment en carré,
Bigeard se présente, athlétique, tenue léopard, casquette,
arborant toutes ses décorations."
Le loup prend possession de sa harde" Pour commencer,
quatre engagés qui ont eu le malheur de se faire rosser
par des artilleurs sont chassés à l'instant.
Puis alors seulement avec un art suprême du cabotinage,
tel Napoleon inspectant ses grogards, Bigeard passe devant les rangs ,
à commencer par les anciens, les volontaires, avec des airs de grand justicier,
" Toi, tu as eu les foies, dégage! Toi , tu as eu une sale affaire, va-t'en !"
Une vingtaine d'autres affublés de mines plus ou moins patibulaire,
sont invités à rendre leur tenue.
Enfin, se plantant devant les rappelés,
Bigeard leur met le marché en main. Libre à eux de partir.
S'ils restent, qu'il balancent leurs calots de carnaval
et ils auront droit à la tenue para. Ils en baveront de toutes les couleurs,
mais ils deviendront des hommes!
La cause est entendue, Les hommes sont séduits.
Cà, c'est un chef! L'entrainement peut commencer.
Il va durer deux mois, mené à un train d'enfer.
Marches forcées, exercices physiques, parcours du combattant.
Bigeard donne l'exemple, peine comme tout le monde,
porte lui même son sac, mange à la gamelle. L'aspect physique change.
Teint hâlé, taille de guêpe, plus de graisse, des muscles.
On supporte allégrement l'absence de permission, de vin, de filles.
Le camp devient une sorte de monastère, une confrérie nouvelle de moines soldats,
avec ses traditions, ses chants, son language.
Oui: affirmatif, non, négatif, tout va bien: cinq cinq ...
Beaucoup sont dans les pelotons de caporaux lancé par Bigeard,
puis devinrent des Fanas fanas puis sergent puis le destin les rattrape,
la méchante blessure ou la mort brutale sur la piste.... piste cruelle !...