Le Colonel JEANPIERRE[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Né en 1912, il est orphelin de guerre. Son père, officier d’active, est tué en 1916 sans jamais avoir revu sa famille depuis août 1914. Élevé dans le culte paternel par sa mère, JEANPIERRE s’engage à dix huit ans dans l’infanterie et passe par tous les grades.
Engagé au 131e Régiment d'infanterie comme homme du rang, il prépare et réussi le concours d'officier et est nommé sous-lieutenant en 1937 au 1er régiment étranger (Légion étrangère).
Il subit la « Drôle de Guerre » de 1939 à 1942 et est mis en disponibilité. Sous le nom de « Jardin », il entre dans la Résistance dans les rangs du mouvement « Ceux de la Libération ». Il est arrêté à Orléans le 19 janvier 1944 et est déporté au camp de Mauthausen après être passé par le camp de regroupement de Compiègne. Très affaiblit, il est libéré par les troupes alliées le 5 mai 1945 et après avoir retrouvé sa famille, il rejoint la Légion Étrangère où, en 1948, apprenant qu’en Algérie se crée un bataillon étranger de parachutistes, il se porte volontaire, rejoint Sidi bel Abbès puis Philippeville où il est breveté parachutiste.
Commandant en second le 1er Bataillon Étranger de Parachutistes commandé par le Capitaine SEGRETAIN, il embarque avec l’unité formée de tout jeunes légionnaires sur le « Pasteur » et rejoint Hanoï.
Ancien déporté, il est marqué physiquement et moralement et ceci le porte à avoir un certain goût du silence et de la solitude ce qui lui procure une sorte d’insensibilité extérieure, restant marqué par la défaite de 1940. Tout en étant exigeant, secret, il est néanmoins attachant. Il se promet à qui il se confie qu’il ne perdra plus de guerre. La légion est son élément. Il s’y sent à l’aise pour y vivre et y commander officiers, sous-officiers et légionnaires. Il désire forger un instrument de combat prêt à résister à tout et à réussir ce qu’on lui demandera ; il sera de premier ordre. En opération, sa science du terrain est instinctive, son esprit de décision est immédiat et rien ne peut l’arrêter dans ce qu’il décide.
Au mois d’octobre 1950, chargé de prendre Dong Khé lors du désastre de Cao Bang, il s'agit de sauver la colonne CHARTON qui se replie avec des civils, il s’y accroche jusqu’à l’ordre impératif de repli et divisant par petits groupes les rescapés, il y a avec JEANPIERRE, vingt trois légionnaires qui rejoignent That Khé où une garnison française doit encore tenir, ayant la force physique et la volonté de réussir. Du millier de légionnaires qui constituaient le BEP, il ne reste que douze hommes à peu près valides. Le Commandant SEGRETAIN a été tué dans un combat à l'arme blanche et le Lieutenant FAULQUE est tombé transpercé de projectiles, mais aucun ne sera mortel. Sérieusement blessé il sera fait prisonnier et libéré quatre ans plus tard ; il fera partie du troupeau de morts-vivants que le Viet Minh rendra à la France.
Le Bataillon avait été anéanti avec le 3eREI dans le cul de sac de Coxa. Fatigué physiquement, JEANPIERRE rejoint la Légion à Mascara où il reprend ce qui le passionne, l’instruction des jeunes légionnaires.
Le 1er BEP a été recréé mais les derniers combats d’Indochine se feront sans lui.
Il en reprend le commandement le 1er novembre 1954, le jour où commence la « Guerre d’Algérie ». Quand le bataillon deviendra régiment, le 6 février 1956, il devra passer le commandement au Lieutenant Colonel BROTHIER qu’il estime mais sera profondément déçu.
Le régiment mis en alerte le 1er août 1956 après la préparation de la campagne d’Egypte, il embarque le 31 octobre, mais on sait ce qu’il advint de ce débarquement. Ce bel instrument de combat qu’est devenu le régiment n’a servit à rien. Une nouvelle mission lui est confiée : à Alger, mettre fin au terrorisme urbain, une mission de police qui ne plait à personne mais qu’il faut réussir.
JEANPIERRE est devenu Chef de Corps au départ du Colonel BROTHIER à l’État Major de la 10e Division Parachutiste. La nouvelle mission implique certaines techniques en particulier de guerre subversive et seuls, les officiers et quelques sous-officiers sont autorisés à accomplir cette tâche difficile. Le Colonel, surveillant de près les détails comme à son habitude et tenant à régler la mise en œuvre, est blessé lorsque Yaseef Saadi est débusqué dans sa cache à Alger. Des éclats de grenade criblent d’éclats les jambes de JEANPIERRE qui sera désormais handicapé pour sauter en parachute et crapahuter comme avant.
Le régiment a gagné beaucoup de popularité à Alger mais JEANPIERRE désire quitter la ville pour mener des opérations dans les djebels.
Redevenu Chef de Corps, donc chef de guerre, il continue ce qui est depuis toujours sa double obsession, réussir toute mission et perfectionner son outil. En opération il révèle à plein sa manière de penser. Si faiblesse il y a, il lui faut trouver les remèdes et les appliquer. Étudier chaque mission et avec un esprit neuf, trouver la solution adaptée. Ces idées, il les applique tout au long de l’été 1957, tirant des leçons d’échecs ou de réussites incomplètes. Il découvre aussi, maintenant qu’il a des difficultés à marcher, la valeur et les possibilités nombreuses des hélicoptères qui lui permettront d’être partout et de tout surveiller. Il deviendra un maître en opérations héliportées.
Le 19 janvier 1958, le 1er REP quitte le Sahara où il opérait après avoir vaincu les groupes de fellaghas qui voulaient s’opposer aux premiers convois de pétrole venant d’Hassi Messaoud, il rejoint Guelma.
L’outil que le Chef de Corps a en main est apte moralement et professionnellement. Le 24 janvier 75 rebelles sont mis hors de combat à la Mahouna où six mitrailleuses sont récupérées. Jusqu’au 1er mars, pendant trois mois, 1300 armes dont plus de 120 automatiques sont prises aux fellaghas qui perdent dans la région de Guelma la totalité de leur effectif permanent ou de passage, soit plus de 600 hommes.
Il a désormais sous ses ordres non seulement son régiment mais aussi les unités d’appui et les troupes de secteur dont il peut avoir besoin. Il dispose surtout à sa guise d’hélicoptères et avec l’un d’eux, une « Alouette », il tourne sans cesse, en permanence au dessus de ses compagnies d’où il voit tout, sait tout et ordonne tout. De ses idées, JEANPIERRE sait parfaitement les appliquer et sait mettre au point les tactiques qui en découlent. Opérations de nuit, appui d’artillerie, transports héliportés lourds, observations aériennes, straffings et bombardements aériens. Il privilégie renseignement, vitesse et surprise pour « Coxer » un adversaire qui ne peut s’échapper. Son idée la plus dure : donner l’assaut en allant au corps à corps, rôle essentiel de l’infanterie et des unités de choc. JEANPIERRE harassé, fatigué donne l’exemple vivant sur le terrain et dormant par terre reprenant ses habitudes prises en Indochine.
Le 13 mai 1958, il se trouve en opération mais malgré les évènements qui se passent à Alger, il considère que sa mission n’a pas à changer. Le Régiment reprend la piste vers gorges et pitons. Les hommes sont fatigués, JEANPIERRE le sait mais ne veut pas l’entendre : « - De quoi vous plaignez-vous ? Je vous fabrique de la gloire ! » Le repos est proche, la dernière opération reste à mener car il reste à réduire quelques groupes de fellaghas dans la zone d’opération.
Lorsque l’Alouette dans laquelle se trouve JEANPIERRE qui tourne au-dessus de ses unités passent un peu trop près du sommet d’un piton, une rafale l’abat… JEANPIERRE gît sans vie écrasé contre le pilote et quelques instants plus tard, le Capitaine YSQUIERDO prend le combiné de son poste radio :
- Jacky de Rouge.
- Jacky écoute.
- Soleil est mort.
« A las cinco de la tarde,
Eran las cinco en punto de la tarde,
Un niño trajo la blanca sábana
a las cinco de la tarde… »
Nous sommes le 29 mai 1958. Cette nouvelle fait le tour de tous les cantonnements en Algérie comme un coup de tonnerre… "Soleil est mort"...
L’Armée française doit le respect à cet Officier qui toute sa vie a servi dans la Troupe et qui a chaque instant est allé au maximum de sa propre exigence.
Les Parachutistes et Commandos lui doivent d’avoir su insuffler un esprit à ces Armes réputées exceptionnelles et reconnues par tous les Combattants du Monde.
Les soldats de toutes Armes civils ou de métier lui doivent respect et admiration.
Des visiteurs venus du Monde entier déposent des cailloux blancs comme une offrande sur le granit gris de sa sépulture à Puyloubier. C’est l’édification d’un Cairn, coutume Celtique à la mémoire des guerriers morts en combat, témoignage de ceux qui l’ont idolâtré.
Se "Serment" n'a malheureusement pas été tenu car certains généraux et colonels couards ou soucieux de leurs avancements (et pour certains écarté de l'Afrique du Nord) ont préféré tourner le dos à ceux qui ont eu les coui... et le courage d'affronté le Grand Charles et ses sbires
Mais ça n'engage que moi