[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Défilé d'un contingent de l'armée française, hier à Dakar, à l'occasion des 50 ans de l'indé-pendance du Sénégal. Crédits photo : AFP
"Si le départ des militaires de la base de Dakar est acquis, les modalités restent floues.C'était sans doute le dernier défilé militaire français dans les rues de Dakar. Dimanche, pour le cinquantenaire de l'indépendance du Sénégal, les soldats de la 23e brigade d'infanterie de marine (Bima) ont une ultime fois paradé sur l'avenue du Général-de-Gaulle. Dans les semaines à venir, la base française implantée dans la capitale sera fermée.
Ce rapatriement n'est pas une surprise. Dès 2008, Nicolas Sarkozy avait clairement fait savoir, lors d'un discours au Cap, en Afrique du Sud, que la France entendait redessiner la carte de ses implantations militaires sur le continent. «La France n'a pas la vocation de maintenir indéfiniment des troupes en Afrique», avait souligné le président, voyant une occasion de mettre en place les relations nouvelles entre Paris et ses anciennes colonies. Quelques mois plus tard, le livre blanc de la défense prévoyait de ne conserver qu'une base sur la façade occidentale de l'Afrique, au Gabon ou au Sénégal.
Début février, l'éruptif président sénégalais mettait un terme au suspense en annonçant le départ des 1 200 hommes des Forces françaises du Cap-Vert (FFCP). Une décision qu'il présentait comme souveraine. Et de poser symboliquement le 4 avril comme date butoir. «Dans les faits, la fermeture de Dakar est une décision commune», glisse un officier français.
Peu avant la déclaration, une visite d'Hervé Morin avait scellé le sort des FFCP. Dans le cadre de la renégociation des accords de défense de 1974, Dakar avait proposé à Paris de transférer son contingent à Thiès, à une cinquantaine de kilomètres plus à l'est. «Une proposition militairement sans intérêt et très coûteuse», analyse le militaire. Car dans ce dossier l'aspect financier l'emporte sur le stratégique. Côté français, on souhaite réduire certains postes pour faire face à d'autres engagements extérieurs. Côté sénégalais, la base de Bel-Air, 40 hectares surplombant la baie de Hann, en plein cœur d'une capitale en proie à la spéculation foncière, fait saliver.
Revendication inattendue
Depuis, pourtant rien ne bouge. Samedi, dans une interview au Journal du dimanche, Abdoulaye Wade a menacé de rétablir unilatéralement la souveraineté sénégalaise sur Bel-Air. Une déclaration qui traduit plus l'agacement du président qu'une vraie menace, l'emprise militaire française étant déjà considérée comme un territoire sénégalais.
«Le départ est acquis mais les modalités restent à définir», explique une source française. Le futur «accord de partenariat de défense» entre les deux États reste flou. La dimension des deux autres sites militaires français du Sénégal, l'unité de marine et la base aérienne 160, est encore en discussion. Au total, de 300 à 400 soldats français devraient demeurer sur place, avec notamment une mission de formation régionale.
À ces difficultés s'est ajoutée une revendication inattendue. Promis au chômage, les quelque deux mille employés civils de la base Bel-Air et les domestiques des officiers français ont fait savoir leur mécontentement. Paris a promis de prendre leur sort en compte.
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