J'ai signé un VSLOM de 18 mois et un ami d'enfance (nous nous connaissons depuis l'âge de 6 ans) était partant comme moi; après avoir fait les trois jours nous fîmes partie de la 89/10 et par chance nous restâmes ensemble du début à la fin : 4ème RIMA 1ère compagnie 1ère section; arrivé à Djibouti affectés au 10ème BCS qui est composé de deux compagnies : une CCS et une CTQG (Compagnie de Transmission et de Quartier Général); affecté tous les deux à la CTQG dans la même section : Section Ravitaillement, chauffeurs poids-lourd (Simca); notre chant de Bataillon était le suivant : c'était en 1990 et je ne me rappelle que des deux premiers couplets; désolé
Loin de chez nous en Afrique
Combattait le Bataillon
Pour refaire la Patrie
Sa splendeur sa gloire et son renom
La bataille faisait rage
Lorsque l'un de nous tomba
Et mon meilleurs camarade
Gisait là blessé au prêt de moi
J'aimerais retrouver d'anciens camarades; je suis arrivé le 1er Mars 1990 à Djibouti et en aout 1990 la première guerre du golfe a commencé; le Yémen à 45 kilomètres de nos côtes s'était rangé aux cotés de l'Irak et il y avait des chasseurs Irakiens MIG 23 et des troupes ennemies basés là-bas et donc on était en alerte une heure et nos mirages se relayaient pour qu'il y en ai toujours deux en l'air au cas où un MIG décolle du Yémen; puis le long de la côte nous avions nos canons César prêts à tirer; nous avons fait deux sorties terrains opérationnelles à Ras Ali, un promontoire qui avançait sur la mer entre Tadjourah et Obock; et une sortie "détente" à la forêt du Daï, un endroit magnifique comme il y en a beaucoup à Djibouti; puis nous avons eu un attentat, un islamiste Soudanais a fait le tour de la place Ménélik en taxi et a balancé des grenades défensives dans les bars, heureusement ce devait être un vieux lot et il n'y en a eu qu'une qui a explosé au café de Paris où nous avons déploré un mort : un Adjudant-Chef de la Base Aérienne et neuf blessés; ensuite nous montions la garde avec gilets par balles et balle engagée avec ordre de tirer sans somation au moindre geste suspect !!!
J'ai gardé un très bon souvenir de mon séjour en tant que Marsouin à Djibouti qui est un pays magnifique et j'ai adoré Tadjourah, cette petite ville toute blanche qui offre un contraste entre le sol noir et la mer bleue turquoise; lorsque j'ai fini mon VSLOM en avril 1991 j'ai hésité à m'engager et finalement je suis rentré mais par chance quelques mois après j'ai eu l'opportunité de repartir en Afrique pour travailler dans des petites salles de jeux de 15 à 20 machines (il y en avait une à Djibouti à mon époque à coté du bar : l'Historil où on laissait notre solde !!!) et j'ai considéré que ce que j'ai appris dans les TDM pourrait me servir tout au long de ma vie et je l'ai mis dans un coin de ma tête pour pouvoir aller y puiser au cas où; j'ai maintenant 53 ans et une nuit je roulais en voiture et j''ai crevé en prenant une pierre; pas de lampe; j'ai retrouvé mes reflex de Marsouin et j'ai tout fait dans le noir à la palpation.
J'ai vécu 13 ans en Afrique à gérer des salles de jeux et c'était encore plus risqué qu'en tant que Marsouin car nous n'étions pas armés et par-exemple lorsque je suis parti en Angola après avoir travaillé deux ans au Cameroun, huit ans au Gabon, six mois au Congo et six mois au Mali; je suis arrivé en aout 2002 alors que la guerre qui avait fait rage depuis 1963 avait pris fin en avril de la même année (jusqu'en 1975 contre les Portugais qui ne voulaient pas lâcher ce pays riche en pétrole et en diamants puis de 1975 où ils devinrent indépendants jusqu'en 2002 où ils se scindèrent en deux parties : une avec le pétrole armée par le bloc de l'est et l'autre avec les diamants armée par les Américains via l'Afrique du sud où il y avait à l'époque une société de mercenariat qui avait pignon sur rue appelée "Executive Outcoms" qui fournissait contre les diamants armements et mercenaires.); l'Angola était le deuxième pays du monde en matière de mines anti personnel après le Cambodge et il y avait beaucoup d'armes en circulation qui n'avait plus aucune valeur : un AK47 se vendait 200 dollars et j'avais acheté pour 20 dollars une baïonnette Kalash; nous circulions la nuit en moto avec des petits sacs remplis d'argent dans des quartiers où les autres Européens n'allait même pas la journée en voiture fermée !!!
Et donc la Coloniale m'a fait aimer l'Armée, l'Armée m'a fait aimer Djibouti et Djibouti m'a fait aimer l'Afrique et je ne regrette pas du tout d'avoir choisi Djibouti ( à la fin de la formation à Fréjus nous étions notés et on nous avait réunis dans une salle où il y avait un tableau avec toutes les destinations et les premiers choisissaient ce qu'ils voulaient et les derniers ce qu'il restait et au départ avec mon ami nous voulions aller au Gabon; par manque de place nous choisîmes Djibouti et par la suite quand j'ai travaillé au Gabon où stationne le 6ème BIMA je n'ai pas regretté car en fait la capitale Libreville est grande comme Marseille et il n'y avait qu'un seul petit quartier avec quelques bars où les Marsouins pouvaient aller; alors que Djibouti est une ville de garnison où l'armée fait tourner l'économie locale et j'adorais le centre ville et ses bâtisses de type colonial où patrouillaient les Jeep de la PM ce qui donnait l'impression de se trouver à Saïgon du temps de l'Indochine.
Je reste nostalgique de cette période car j'ai aimé la coloniale, ses traditions, sa cohésion, etc...